Retour sur la réunion du CNTE avec Nicolas Hulot

Coline Roussillo
0473283106
Dates: 
Mercredi 12 Juillet 2017
Territoire: 
Rayonnement national
En détails: 

Récit rapporté par Roland Gérard, membre du CFEEDD :

Pour Nicolas Hulot en tant que ministre,  le 10 juillet 2017 c’était la première réunion du Conseil National de la Transition Ecologique (CNTE). Nous étions une bonne centaine réunit de 9h à 12h 30 au ministère de la transition écologique et solidaire boulevard Saint-Germain à Paris.

« Je vais rester moi-même, fidèle à mes convictions »

La séance s’ouvre par une prise de parole d’un ministre sans cravate et très à l’aise dans son nouveau rôle. Il dit : « Nos priorités n’ont de chance d’aboutir que si elles sont coconstruites et coportées… On va d’un modèle de société à un autre modèle de société … dans cette période de transition, il y a forcément une période d’incertitude… » Ce qu’il dit sonne vrai. Il parle de l’importance de « l’irréversibilité » des décisions. Il veut « créer une convergence d’intérêts mutuels.» Il dit : « On peut créer l’avenir ensemble ou le subir ». Il se tourne souvent vers les ONG sur sa droite. Il dit à leur intention : « j’ai conscience que je suis passé de l’autre côté du fleuve… je vais rester moi-même fidèle à mes convictions… ce que je faisais c’était de la pédagogie … maintenant je fais de la pédagogie en circuit court… »

Les priorités du ministre

Les premières priorités énoncées sont numérotés. En 1 c’est l’objectif climatique et la transition énergétique avec l’efficacité énergétique qui vise à « réduire notre consommation à service et confort égale… développement du renouvelable… réduction de la part du nucléaire. » Il dit : « On a comme trajectoire de diviser par deux notre consommation d’ici 2050 ». Premier moyen mis en avant : « taxer ce qui créé le problème plus que les solutions. »

Santé : « Le sujet va nous exploser à la figure »

En 2 c’est « santé environnement en faisant une priorité d’associer les ministères de la recherche et de la santé et de construire une vison ensemble ». Il dit : « Le sujet va nous exploser à la figure parce que maintenant on sait les choses ». Il qualifie le 21ème siècle de siècle de « l’hygiène chimique ». Il souligne l’importance de « garantir l’indépendance de l’expertise ».

L’enjeu de l’alimentation

En 3 c’est le sujet alimentation, agriculture : « Qui avance si on trouve l’harmonie avec le ministère de l’agriculture ». « Sujet ou l’on peut gagner ensemble ou perdre ensemble. » A propos des états généraux de l’alimentation, Il rappelle qu’il fait partie des personnes à l’initiative de cette démarche et « souhaite que cette idée ne nous échappe pas complètement. » Il souhaite faire de « l’intelligence collective » et ajoute : « la clé c’est le temps qu’on va consacrer au dialogue ». Il parle de constituer « une passerelle de confiance entre monde agricole et monde urbain, comprenant une répartition des richesses plus équilibrée. » Il est confiant : « on peut opérer un virage presque culturel pour que le consommateur et le producteur en sortent grandis. »

Réconcilier écologie et économie

L’objectif  4 consiste à : «  Inscrire l’enjeu écologique dans la modernité, c’est-à-dire réconcilier écologie et économie. » Il parle d’un « potentiel incroyable de créativité pour les petites, les moyennes et les grandes entreprises. » et voit là « un fort potentiel de création d’emplois… l’occasion d’une relance économique »

Association des priorités climat et biodiversité  

L’objectif 5 c’est la biodiversité et les océans. Il affirme que c’est une « priorité », parle d’ « établir une stratégie » Il sera « très attentif aux territoires ultras marins… Guyane, Mayotte… ». « Ce n’est pas le climat ou les écosystèmes c’est l’association des deux priorités ». Il prévient comme il le fait souvent qu’il « récupère l’existant dans de nombreux domaines où les choses sont juridiquement engagées… Il y a des droits acquis » et suggère que la France ne pourra pas faire face à des contentieux qui pourraient être couteux.

Importance du long terme et des compromis

Il dit avec cela avoir fait le tour des priorités... l’EEDD n’y est pas. Et passe au sujet de la gouvernance. Il dit : « nos institutions ne sont pas adaptées aux enjeux du long terme et aux enjeux universels ». « Il est nécessaire pour intégrer le temps long de passer par des réformes. Il est question d’une « chambre du futur » dont le président Macron a parlé. Il dit : « La tendance à vouloir tout régler dans les premières semaines me semble contre-productif. » il prend l’exemple du loup : « Tuer 50 loups ce n’est pas une politique, ce n’est pas une stratégie… ça ne rime à rien… on doit trouver le compromis entre ceux qui veulent tuer tous les loups et ceux qui ne veulent en tuer aucun.  Ceux qui ont des positions trop radicales ne pourront pas rester autour de la table. »

Grandes ambitions et sincérité

Sur le plan climat il parle de « déclinaisons sur plusieurs échelles de temps. » Il rappelle qu’on vise la « neutralité carbone en 2050 ».  Ses deux mots clés sont « progressivité » et « irréversibilité » et parle de la Chine et de l’Allemagne qui ont atteints leurs objectifs en avance. «  Si on se fixe des grandes ambitions, elles provoquent de grandes réalisations ». Il dit qu’on « doit taxer la pollution, pas le travail. » Il souhaite : « rendre irréversible l’accord de Paris », parle de la « précarité écologique qui touche des millions de ménages. » Il affirme : « les énergies fossiles appartiennent à un monde révolu ». Il dit que « mettre fin à la déforestation est un sujet central » et veut «  aider les pays les plus vulnérables ». Il dit qu’il « a vu trop de promesses non tenues », il avait déjà dit un peu avant : « je ne veux pas mentir. »

Sur l’éducation

Après cette déclaration très écoutée et intéressante de bout en bout, les participants ont posé leurs questions. Les associations d’élus locaux ont été les premières à pouvoir s’exprimer, puis les syndicats. J’ai eu la parole dans cette séquence pour dire que sa nomination au ministère avait levé une espérance chez les éducateurs à l’environnement, que nous étions heureux de l’entendre parler de « pédagogie » dès ses premiers mots et que la coconstruction (mot qu’il a plusieurs fois prononcé) ça s’apprenait. J’ai rappelé qu’avec l’EEDD c’était l’éducation de tous tout au long de la vie et qu’il s’agissait à la fois de recréer le lien entre les humains et la nature et de préparer tout le monde à vivre une citoyenneté active. J’ai dit qu’il s’agissait d’une éducation au territoire et qu’on n’avait toujours pas de plan d’action national. En reprenant ses mots je lui ai proposé de fixer « une grande ambition » pour l’éducation à l’environnement, j’ai rappelé notre mobilisation pour les assises de l’EEDD depuis 2000 et notre implication pour que l’éducation soit prise en compte lors des COP depuis 2015.

Le ministre a été bien ressenti

Hélas le ministre ne dira pas un mot sur le sujet de l’éducation à l’environnement, même s’il semblait donner quelques signes d’approbation en écoutant mes propos. Une chose est clair c’est que le sujet n’a pas encore été mis sur la table au ministère, tout est à faire. Lors de ses réponses il dira que nous vivons une situation : « extrêmement tendue sur santé environnement ». En disant qu’il est urgent d’agir dans ce domaine, il prend la défense des lanceurs d’alerte qu’on a « beaucoup fustigé. »  On peut dire que l’impression donnée par le nouveau ministre est bonne et qu’il y a un grand climat de confiance dans l’assemblée.  

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